Index de l'article

Risques identifiées : Sommaire

En théorie

Risque de circulation

Risque d'explosion

Risque d'incendie

Risque sanitaire

Risque de pollution de l'air

Risque de pollution des sols

Risque pollution de l'eau

Bilan de scénarios étudiés


 

En théorie

Faisons d’abords un peu de théorie. Essayons de comprendre comment sont évalués et gérés les risques en entreprise et en industrie. Tout simplement comme nous le faisons naturellement sans nous en apercevoir.
Prenons un exemple concret que nous connaissons bien en ces matins d’hiver.
Vous sortez pour aller travailler et vous vous apercevez qu’il y à 5 Cm de neige sur la route
Vous identifier le risque qui est l’accident de la circulation si vous roulez sur 5 Cm de neige à la même vitesse que tous les autres matins.
Vous évaluez les risques.
L’impact du risque est au mieux des dégâts matériels et au pire, un tiers que vous croisez sera blessé.
Vous venez d’analyser les impacts
Votre réflexe est d’aller sur la route devant chez vous pour voir avec votre pied si ça glisse
Ensuite il y a plusieurs solutions : Soit je roule doucement sur ces 5 cm de neige
première mesure de réduction du risque, soit j’attends que le chasse neige soit passé
deuxième mesure de réduction du risque.
Et comme un certain nombre de personnes sensés, vous allez attendre que le chasse neige soit passé et ensuite prendre votre voiture et rouler doucement pour aller travailler. Vous avez choisi de prendre ces deux mesures parce qu’après ça vous estimez que le risque est acceptable pour aller travailler.
Vous avez réduit les risques au niveau ALARP : Aussi Faible Que Raisonnablement Réalisable.

Vous trouverez dans le dossier une analyse des différents risques sur les différents éléments de l’installation qui est consultable de la page 321 à 391 du DDAE ainsi que les mesures pour réduire ces risques au niveau ALARP sont exposés de la page 392 à 408.

Risque de circulation

Les utilisateurs de la RD55 sont particulièrement inquiets de l’impact que le trafic des camions et des engins agricoles pouvait avoir sur cet axe routier particulièrement fréquenté aux heures de pointe. Les inquiétudes ne viennent pas de l’augmentation du nombre de véhicules que St Louis Energies a estimé à 0,5% du trafic actuel, mais surtout du type de véhicule et de la dangerosité d’accès dû à une mauvaise visibilité.
L’ensemble des 46 camions et engins agricoles qui accéderont au site St Louis représente l’accès d’un véhicule toutes les 10 à 15 minutes en moyenne. Le danger vient en particulier des véhicules venant de Chavanoz, qui seront en attente pour tourner à gauche.
La mesure prise qui est de créer une voie de décrochement vers la droite sur la RD 55 au niveau de l’entrée du chemin privé pour accéder au site ne permettra pas de réduire suffisamment les risques d’accident.
St Louis Energies nous a précisé dans un courriel que les discussions sont encore en cours avec le Conseil Général. Des mesures supplémentaires sont donc attendues, notamment la construction d’un accès dédié nous parait indispensable depuis un rond point à créer au niveau du bois de Bicheblier (Accès à Anthon village en venant de Lyon). Cette option permettra de faciliter également l’insertion des voitures en provenance d’Anthon (RD55E) dans la circulation dense de la RD55 en heure de pointe.

Note : Ce constat et la proposition de rond point ont été indiqué dans notre courrier au commissaire enquêteur dans le cadre de l'enquête publique.

Risque d'explosion

Parmi les inquiétudes les plus grandes des habitants, il y a le risque d’explosion de l’usine.
Une étude des risques sanitaires et accidentels sur les usines de méthanisation a été rédigée en 2008, puis en 2010 par INERIS, spécialiste de la maîtrise de ce type de danger. Certaines de ces études sont incluses dans le DDAE. Vous retrouverez les liens vers ces études en fin d’article.

Ces études ont consistées à réaliser les calculs des distances d’effets (thermiques, surpressions, et toxiques) des principaux phénomènes dangereux représentatifs des installations de type industriel et agricole. Pour certaines, elles se basent aussi sur les retours d'expérience de certaines usines où des accidents sont survenus. A noter qu’il faut adapter les résultats au contexte du projet St Louis Energies.
D’après ces études, en cas d’explosion du digesteur (ou post-digesteur, plus petit) les effets de souffle et de chaleur ne se ressentent qu’à une cinquantaine de mètres. En effet l’utilisation de membranes souples comme toiture interdit une explosion forte.
Testez avec un pétard en enlevant les couches de papier extérieures et en n'en gardant qu’une seule : Faites le exploser, vous verrez c’est beaucoup moins impressionnant !
En cas de rupture de canalisation dans un local clos (cogénérateur, salle de compression, etc…) il est encore difficile de se faire une idée. Le DDAE estime que les effets ne seraient ressentis qu’à une dizaine de mètres. Est-ce dû aux mesures de coupure du gaz en 10 secondes et brûlage en torchère en cas de détection de fuite qui font que les effets sont limités ? Nous avons demandé quelques explications complémentaires à St Louis Energies.
La première habitation se trouve à 480 m, à priori le plus gros risque semble être pour le personnel travaillant sur le site.
Page 393 du DDAE, nous trouvons l’ensemble des mesures prises pour prévenir et maîtriser ce risque :

Risque d'incendie

Nous retrouvons page 370 du DDAE une analyse succincte des risques d’incendies.
Et en page 399, la liste des mesures préventives et de protection sur le site pour éviter l’incendie.

BARRIERES PREVENTIVES

1 Capteur de pression (haute et basse) : Permet de détecter une surpression, une fuite ou une rupture de canalisation.
2 Canalisations en acier INOX : Résistant aux incendies
3 Raccords souples anti-vibrations
4 Panneaux d’interdiction de fumer
5 Maintenance régulière du matériel
6 Permis feu pour le personnel
7 Procédure d’intervention claire pour tout le monde
8 Etude du risque foudre
9 Formation du personnel aux risques Incendie
10 Sureté du site (clôture, surveillance)
11 Détecteur de fumée dans les bâtiments

BARRIERES DE PROTECTION

1 Présence d’Extincteurs
2 Consignes d’évacuation
3 Formation du personnel
4 Moyens de secours externes
5 Réserve d’eau de 120 m3 et défense interne RIA (cuve 30 m3 et suppresseur)
6 Confinement des eaux d’extinction (rétention étanche) pour éviter la pollution du site
7 Ventilation forcée du local de cogénération
8 Parois coupe-feu au niveau du stockage des issues de céréales
9 Parois coupe-feu au niveau du local de co-génération

Synthèse des éléments à risque et des organes de sécurités associés :

Risque sanitaire

Cette partie est beaucoup plus conséquente, puisqu’elle commence page 321 du DDAE et finie page 339.
Cette partie de l’étude est axée sur la recherche des sources de risques sanitaires (intrants et digestats), les moyens de propagations possible (l’eau, l’air, le sol) et les personnes ou animaux exposés.
Le tableau ci-dessous récapitule les risques sanitaires répertoriés en fonction des sources et de leur type :

Parmi cette liste un certain nombre d’éléments attirent notre attention.
A commencer par les agents pathogènes pour lesquels il faudra chauffer le digestat à 70° pendant une heure pour les supprimer. Seulement page 328 apparaît parmi les éléments pathogènes le Clostridium botulinum responsable du botulisme. Hors cette bactérie ne s’élimine qu’après un passage à 120°C pendant au minimum 10 minutes. Ce traitement n’est pas prévu, car il est en général utilisé pour traiter des intrants de catégories 2 (ordures ménagères, nourritures avariées). Le processus de méthanisation à 50°C parait être un facteur aggravant favorisant le développement de cette bactérie.
Normalement le site de St Louis n’accepte que des déchets de catégorie 3 (déchet de nourriture fraîche et “consommable”). Mais est-ce qu’il y a un risque que des déchets avariés (catégories 2) arrivent dans l’usine ? A priori non, c’est ce qui nous a été confirmé en réunion publique du 21 janvier : “Le fournisseur est garant de la catégorie de déchet jusqu’à la livraison”. Un seul cas de pollution a été répertorié en Allemagne sur les 9000 usines construites, mais il est impossible de trouver des informations sur le sujet pour en connaître l’origine. Espérons que les contrôles réguliers en sortie auxquels s’est engagé St Louis permettront d’éviter ce type de contamination.
Nous avons constaté que le DDAE page 55 n’interdit que les déchets de catégorie 1, pas la catégorie 2. D’autre part, page 61 du DDAE, le système FlexFeed ne permet que l’hygiénisation des déchets de catégorie 3. On peut donc espérer qu’il n’y aura pas de déchets avarié (catégorie 2).
Ces deux parties du DDAE ne sont pas en phase, il faut éclaircir ces chapitres. Par ailleurs il serait souhaitable que des analyses soient faites régulièrement en entrée de façon à être garant de la fraîcheur des sous-produits animaux.

Risque de pollution de l'air

Parmi les agents chimiques, c’est l’hydrogène sulfuré, H2S ou sulfure d’hydrogène, qui attire notre attention. En effet ce gaz est très toxique par inhalation. Il peut causer des effets nuisibles sur le système nerveux central, le métabolisme et l’appareil gastro-intestinal.
L’exposition prolongée à de faibles concentrations peut entraîner un oedème pulmonaire.
Ce gaz est principalement présent dans le post-digsteur et le digesteur. Il est donc confiné et éliminé en injectant un peu d’air, puis traitement par chlorure ferrique puis passage dans un filtre à charbon actif.
Ce gaz peut accidentellement être présent dans le local tampon de traitement et de déconditionnement des déchets de catégorie 2. Ce local est ventilé et l’aire vicié est extrait au travers d’un biofiltre. Ce biofiltre élimine t-il le H2S ?
En tout état de cause, comme pour le risque d’explosion, le plus gros risque est pour le personnel du site.

Synthèse des mesures pour éviter ce scénario :

Risque de pollution des sols

Une étude complète de l’impact de l’épandage du digestat sur les terres agricoles a été réalisée par la société VALTERA dans le rapport d’Etude de périmètre d’épandage des digestats de méthanisation. Ce rapport présente le périmètre d’épandage, fait un état des lieux des sols, étudie leur capacité d’épuration , les modalités d’épandage et leur impact sur l’environnement.
En cas de problème sur les digestats, ceux-ci ne sont pas épandus mais traités par des filières alternatives (centres d’enfouissement)
Une étude en teneur en éléments de traces métalliques est disponible page 13. Ce document étudie l’impact sur les sols pendant 10 ans et se conclue par :
Les flux moyens en ETM et CTO attendus lors des épandages de digestat du méthaniseur de Saint Louis Energies et cumulés sur 10 ans seront bien inférieurs aux valeurs limites réglementaires.
Cette conclusion n’est valable que si les fournisseurs SIVOM et industries respectent le cahier des charges concernant les boues industrielles et urbaines. Nous avons échangé avec le bureau d’étude lors de la réunion publique qui nous a précisé que les boues (stations d’épuration et eaux de lavages) utilisées répondent aux normes leur permettant d’être épandues directement. Elles peuvent donc intégrer le processus de méthanisation.
Là encore un contrôle en entrée est indispensable pour les boues urbaines. Quant aux boues industrielles, elles sont trop risquées notamment à cause des types d’industries qui ont l’habitude d’utiliser des produits chimiques pour le traitement des cuirs, fourrures et textiles. Compte tenu que ces boues ne représentent que 4% des intrants, ne serait-il pas plus raisonnable de les écarter ?

 Il y a un autre risque de pollution des sols que l’on peut trouver page 60. Dans cette partie du PAEDD est décrit le processus de traitement des biodéchets et le système de séparation des matières méthanisables des plastiques d’emballage par criblage. Ce processus peut laisser tout de même jusqu’à 1% de matière plastique dans le digestat, soit 150 tonnes pour 15 000 tonnes de biodéchets. Ce qui représente 5 Kg /ha sur 10 ans selon les quantités de digestat épandues décrites dans l’étude d’épandage (7164 tonnes de digestat sur 5300 ha). Ce constat a d’ailleurs été exposé par l’association ADENI lors de la réunion publique.
Pour le reste une étude de l’ADEME estime que la qualité agronomique et sanitaire du digestat est très proche du compost.

Source : http://www.ademe.fr/qualite-agronomique-sanitaire-digestats

Concernant le risque de déversement accidentel de matières, voici le tableau de synthèse :

Rien de particulier à relever.

Risque pollution de l'eau

Page 66 du DDAE, nous trouvons un ensemble de dispositifs pour gérer les eaux et jus de différentes sources.

  • Les eaux pluviales de toiture sont acheminées vers un bassin d’infiltration de 270 m3 qui assure également l’écrêtage par temps d’orage.
  • Les eaux de voiries rejoignent un bassin d’orage de 500 m3 qui se déverse par gravité dans le bassin d’infiltration (après déshuileur). Une vanne de confinement permet d’isoler la zone de voirie en cas de déversement accidentel de substance indésirable. Ce bassin est sur-creusé afin d’assurer le stockage de la réserve d’eau pour incendie.
  • Les cuves sont placées sur une aire étanche capable de contenir tout le contenu des digesteurs en cas d’éventration de la plus grosse cuve.
  • Les eaux d’évaporation (distillat) et digestat liquide filtré sont traitées par osmose inverse, processus industriel utilisé pour produire de l’eau distillée, pour être déversées dans le bassin d’orage après contrôle.
  • Les eaux de ruissellement sur les zones de stockage sont stockées dans un bassin de rétention de 760 m3.
  • Les eaux de lavage et désinfection des véhicules (lavage interne) sont isolées au niveau de l’aire de lavage et transitent par un débourbeur/déshuileur avant d’être réintroduites dans le processus de méthanisation.
  • Les zones de stockages du digestat traité et des cultures CIVE sont réalisées à l’air libre sur une aire en enrobé. Des jus de stockage vont donc se former. Ces jus sont réinjectés dans le processus de méthanisation.

On trouve également la mesure d’évitement suivante page 243 du DDAE : L’étanchéité des rétentions doit être vérifiée périodiquement. Un contrôle visuel quotidien des rétentions permet de s’assurer de l’absence de fuites. La procédure de vérification est décrite dans un programme de maintenance tenu à disposition de l’inspection des installations classées. Pour les cuves enterrées, un système de détection des fuites est mis en place.

Synthèse de la gestion des rejets d’eau et de jus :

Note :
Procédés = Recyclage en méthanisation
Eau Osmosée = eau traitée par osmoseur rejetant de l’eau distillée en sortie

Bilan de scénarios étudiés

Le cabinet d’étude à défini les scénarios suivants :
- Scénario A : Explosion (VCE) dans le digesteur et dans le post-digesteur ;
- Scénario B : Explosion d’un nuage de biogaz en bâtiment ;
- Scénario D : Feu torche sur une canalisation de biogaz ;
- Scénario E : Incendie du stockage d’issues de céréales ;
- Scénario F : Dégagement toxique d’H2S ;
- Scénario G : Déversement de matières.

Voici ci-dessous la grille d’appréciation réalisée par la cabinet d’étude, qui récapitule le classement de tous les scénarios après révision de la probabilité et de la gravité suite aux réductions des risques par la mise en place des éléments de sécurité présentés précédemment :

Pour le cabinet ARTIFEX, tous les scénarios sont classés en risque moindre et avec une faible probabilité que les accidents se produisent. Les mesures mises en place permettent d’assurer la maîtrise des risques générés par l’exploitation de l’installation de méthanisation.