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Catégorie : Billets d'humeur
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La sécurisation de la Promenade des Anglais fut l’objet de deux réunions entre représentants de la préfecture et de la mairie, décrites par le directeur  départemental de la sécurité publique comme « une préparation rigoureuse » impliquant des responsables « de grande qualité » qu’il loue pour être « arrivés à concevoir un dispositif en plein accord ».

Cependant, le Canard Enchaîné du 20 juillet ayant révélé le contenu du rapport de ces réunions, le constat est en réalité accablant pour ces responsables politiques.
En effet, s’il fut question du manque de moyens humains pour permettre une fouille systématique des entrants, de pose de barrières (comme celles qui limitent l’enthousiasme des spectateurs du Tour de France), de postes de contrôle aux accès principaux (avec véhicules de police en travers de la chaussée, procédé adopté pour « [matérialiser] une interdiction d’accès »), rien quant à la seule mesure efficace contre le scénario d’un véhicule bélier, à savoir la pose de chicanes en blocs de béton (ceux-là même qui venaient d’être utilisés pour sécuriser les zones de spectacles Euro 2016).

Rien n’aura donc été appris des quatre attentats à la voiture bélier et de la vingtaine de morts qu’ils ont produit à Nantes, Dijon, Valence et Firminy depuis décembre 2014. Aucun compte n’aura été tenu des instructions données par les Islamistes dans leurs réseaux ou publications d’improviser partout ce genre d’attentat. Ou bien faut-il accorder à nos experts en sécurité publique la conviction qu’un terroriste serait respectueux du code de la route (le communiqué du 16 juillet du ministre de l’intérieur déplore le fait que « le camion a forcé le passage en montant sur le trottoir »)

Si le gravissime constat de faillite de l’Etat dans la fonction qui est sa raison fondamentale, la sécurité des biens et personnes, est implacable, on doit étendre ce constat au service de surveillance niçois puisqu’il a été incapable de repérer la présence et les déplacements du camion meurtrier les 12, 13 et 14 juillet en violation de deux arrêtés, l’un, préfectoral, qui interdit de circulation les véhicules de plus de 7,5tonnes les jours fériés à partir de la veille à 22h, l’autre, municipal, qui interdit la circulation des poids lourds de plus de 3,5 tonnes dans la ville. Quel est le sens d’un réseau de caméras de surveillance sans le personnel nécessaire pour exploiter les images en temps réel ?

Les protagonistes qui se rejettent la responsabilité du drame sont donc justiciables du même registre, celui de l’incompétence ou de la négligence criminelle.

Doit-on alors s’étonner que ceux-là cherchent à s’exonérer de toute responsabilité en entravant l’exposition des fautes commises par des manœuvres telles que l’ordre de détruire les enregistrements des caméras de surveillance qui « présentent des éléments d’enquête intéressants » ou de produire un faux rapport sur la présence des policiers nationaux au moment du drame, la création de polémiques non-pertinentes (sur le nombre et la présence de policiers nationaux), la décision de commander une enquête par des policiers sous contrôle du ministère de l’intérieur dont le rapport ne fait que démontrer l’indigence de l’esprit bureaucratique ?

Mais comment ne pas s’en indigner et exprimer sa colère envers ces arrogants pouvoirs politiques et cette insupportable culture de l’irresponsabilité qui les immunise de toute sanction ?

B.V.